La danse à Natashquan

Vol.16, no.1, Été 2015

par CHARTRAND Pierre

P : Bérangère, vous venez de Natashquan. Quelle était la danse que vous avez connue étant jeune dans votre village ? Qui dansait, jouait, câllait ? Je sais que votre père câllait…
B : Bien sûr que tout mon travail de recherche part de mon père,« c’est Charlie qu’a tout câllé » comme Vigneault l’a écrit dans sa chanson La Danse à Saint-Dilon. Papa était conteur, câlleur, raconteur.

P : Ah ! il était conteur aussi ?
B : Oui, moi je suis allée à l’Université Laval en Arts et traditions populaires parce que je connaissais plein de légendes que Papa racontait et surtout on aurait dit qu’il était dans les derniers qui croyaient à ça.

P : Il s’appelait Charlie ?
B : Mon père s’appelle Jean-Charles. Ils l’appelaient Jean-Charles ou Charlie souvent. J’ai enseigné pendant trois ans à Natasquan. C’était surtout dans ce temps-là qu’on allait dans les veillées de danse qui se faisaient à la salle paroissiale à ce moment-là.

P : C’est vers quelles années donc ?
B : Vers les années soixante. Les veillées de danse se sont déplacées des maisons à la salle paroissiale. À mon époque, c’était plutôt dans les salles paroissiales qu’on dansait, pas souvent dans les maisons. À l’époque où Gilles [Vigneault] raconte sa danse à Saint- Dilon, c’était plus dans le temps de son père. Lui (Gilles Vigneault) était très observateur de ce qui se passait dans le temps de mon père, dans les années trente. Gilles parle donc des veillées dans les maisons. Il dit : « Quand j’ai commencé à composer la danse à Saint-Dilon, vers soixante-deux, c’était une commande de Labrèque qui lui avait demandé : « fais-nous donc une chanson pour faire danser ». C’était pour le Carnaval. Là, il dit : « Je me suis référé aux années où j’étais p’tit gars et j’allais avec mon père aux danses ». Parce que dans beaucoup de ses chansons, les personnages qu’il écrit sont des personnages de la génération de son père et de mon père. Les danses, c’étaient celles qu’il avait vues étant jeune. Comme il dit : « Quand j’ai connu la musique, elle était vêtue en violon »...

P : Et toi quand tu étais jeune, à dix ou quinze ans, quand ça dansait à la salle paroissiale, qui est-ce qui jouait pour ces veillées-là ? Comment ça se passait ?
B : Pour les musiciens, c’était presque toute la même génération : le bonhomme Millone c’était vraiment le précurseur, qui a montré à Odilon. Odilon racontait :« Quand j’étais jeune, j’avais été aux noces de mon oncle. » C’était mon grandpère. Il était donc allé aux noces du grand-père et avait entendu Millone jouer et ça a commencé à lui donner le goût.

P : D’où lui vient le nom de « Millone » ?
B : On l’appelait Millone parce qu’il pêchait toujours mille et une morues. Quand on lui demandait « Combien t’as pris de morue ? » Il répondait : « J’en ai ramassé mille et une. »

P : Et lui c’était le violoneux ?
B : C’était le violoneux d’origine, qui a montré à Odilon, qui a montré à tous ses fils, à la branche de musiciens qui s’est perpétuée jusqu’à aujourd’hui.

P : Odilon était violoneux aussi ?
B : Odilon était violoneux. Saint- Dilon c’était le violoneux, mais la branche à Millone a produit des musiciens reconnus aussi.

P : Son vrai nom à Millone c’est Simon… ?
B : Landry. Comme de raison. Il y a beaucoup de Landry, dans la
Branche des musiciens. Moi, quand j’étais jeune et que j’ai enseigné les trois premières années à Natashquan, c’était eux les musiciens. Il y en a encore qui jouent aujourd’hui. Quand j’étais à Natashquan, on allait dans les salles paroissiales pour les veillées et quand je n’avais pas de cavalier, ma mère me prêtait mon père pour une danse.

P : Ça, c’était dans les années 60 ?
B : Oui et c’était quelque chose. Quand mon père était dans un set carré, là il y avait de l’ambiance, de l’entrain, surtout qu’il choisissait ses partenaires, donc c’était lui qui était fort et qui tapait du pied.

P : Quel genre de danse câllait-il ? Te rappelles-tu ?
B : Oui, tu sais Gilles dit le « le Corbeau dans la cage, le brandy et la plongeuse » ? C’est ça. Quand Gilles compose sa chanson, moi je vois bien qu’il se réfère à sa jeunesse où il écoutait, regardait et observait. Après tout c’était la génération de son père, puisque ce qu’il raconte, c’est vraiment ce qu’il se passait dans les années 60.

P : C’est ce que tu as vu aussi ?
B : Oui et c’est tous des gens qu’on connaît. Dans la chanson, on reconnaît beaucoup de personnages. Gilles Vigneault dit : « nommer c’est donner une âme ». Ces personnages des fois, dans ses autres chansons, il les nomme à mots couverts, mais nous autres on les reconnaît. Dans la Danse à Saint-Dilon, cependant, c’est clair, c’est les vrais noms. Il parle donc beaucoup de la jeunesse, par exemple lorsqu’il dit : « Rolande à ses yeux bleus », (c’était son amoureuse à l’époque) . « Jean-Marie qui a mis son bel habit »..., je trouve qu’il les décrit bien, il les met beaux. Les danseurs aussi, c’était des couples connus : « Jeanne danse avec Antoine et puis Jeannette avec Raymond ». Des vrais couples. Et dans tout ce monde-là qu’il nomme, aussi bien Odilon que le câlleur dont il parle beaucoup, tous ces gens-là sont décédés, sauf lui-même et Jeannette, qui a 86 ans comme lui.

P : Odilon, lui, était vieux garçon et faisait les veillées dans sa maison ?
B : Non. Odilon, qui était donc violoneux, a toujours été marié, mais il était sans enfants. Avant d’aller dans les salles paroissiales, les veillées étaient dans les maisons. Ma mère elle disait : « Quand on s’est marié, on a fait notre noce, la veillée de danse, chez mononcle Gasoune ». Sa femme, c’était la soeur à mon grandpère. Elle racontait aussi que des fois c’était dans deux maisons parce qu’il n’y avait pas de place dans une seule. C’était toutes des petites maisons à l’époque. Par contre, quand ils dansaient chez Odilon, c’était facile parce qu’ils n’avaient pas d’enfants, pas de couchettes supplémentaires, etc. Il vivait tout seul avec sa femme. Voilà pourquoi les gens y allaient souvent pour danser.

P : Vigneault a donc changé le nom de Odilon pour Saint-Dilon ?
B : En fait, quand il dit : « Quand on danse à Saint-Dilon », Natashquan est devenue Saint- Dilon, Saint-Dilon est devenu Natashquan et Odilon est devenu Saint tout à coup ! Pour moi « la Danse à Saint-Dilon » c’est : « Samedi soir à Natashquan, y’avait pas grand-chose à faire. »

P : Les veillées étaient-elles fréquentes ? Était-ce tous les samedis, une fois par mois, tout le temps ?
B : Ils ne dansaient pas tant que cela, surtout que la danse était défendue. Cependant, les veillées se faisaient
Beaucoup durant les noces, quand il y avait une raison. On faisait des veillées de danse pour la salle paroissiale, pour l’Église, pour un mariage, pour une fête, pour la fête des Rois, etc. Les fêtes calendaires en fait. Dans le fond, quand on voulait faire une veillée de danse dans ce temps-là, ça n’était pas si simple. Il fallait trouver une maison qui nous laisse danser. C’était aussi pire que de demander une fille en mariage ! Ils ne dansaient donc pas si souvent que ça puisque c’était compliqué d’avoir une maison. Il fallait demander, faire une petite collecte, chacun 25 cents, laver les prélarts, nettoyer de haut en bas…

P : Durant les veillés, il y avait un violon et quels autres instruments ?
B : Il y avait beaucoup de violons, d’accordéons, des musiques à bouche aussi, mais surtout le violon et l’accordéon. Ma mère racontait qu’ils étaient allés dans une veillée où il y avait son cousin, Moïse, qui jouait du violon. Le problème c’était qu’il n’arrivait pas à taper du pied sur la musique en jouant, c’est un autre qui tapait du pied pour lui. C’est vrai qu’il se faisait moquer un peu… Une fois, durant une veillée, ma mère rigolait avec ses amies et elle s’inquiétait que Moïse pense qu’elles se moquaient de lui et qu’il décide de ne plus jouer. Moïse avait souvent peur qu’on rie de lui.

P : Il n’y avait pas d’accompagnement, guitare ou piano ?
B : Un peu de piano, pas beaucoup, mais surtout de l’accordéon. Il n’y avait pas vraiment de piano dans les maisons C’était plutôt violon, accordéon et musique à bouche (même si on ne peut pas vraiment danser sur ça). C’est encore de même aujourd’hui durant les veillées traditionnelles.

P : Dans la chanson, lorsqu’il dit « le b randy pis la plongeuse », le Brandy était gigué ?
B : Oui. Il y avait plusieurs gigueurs et Gilles les nomme : Fernand, Paul, etc., mais ce n’était pas facile à danser le brandy.

P : En effet, le brandy est difficile à cause de la gigue. Pouvaient-ils toujours trouver quatre couples qui savaient giguer pour faire le brandy ?
B : Quatre couples oui, mais je ne connais pas beaucoup de femmes qui giguaient.

P : C’était plus les hommes ?
B : C’était plus les hommes, oui. Il y avait quelques femmes qui giguaient un peu, mais pas beaucoup Elles dansaient plus les Petits paniers, l’Oiseau dans la cage, etc.

P : Pour la Plongeuse, est-ce que c’était une ligne face à l’autre ?
B : Il me semble que non. C’était en carré, comme une danse carrée, ou en cercle ? En faisant des « endessus, en-dessous ».

P : La chanson parle donc surtout des années soixante, et d’avant cela ?
B : En fait, Gilles dit qu’il se réfère à sa première danse qui eut lieu à la vieille maison ancestrale de mon père, la vielle maison de monsieur Paul et à tous les gens qui étaient là (bref, tous ceux de la génération de son père).

P : Qui était monsieur Paul ?
B : Dans la famille de mon père, dans les premières maisons qui ont été construites, il y avait celle de Isidore (le grand-père à mon père) et Alfred. Monsieur Paul, c’était le vieux garçon qui avait hérité de la maison paternelle. Nous, on disait chez « mononcle Paul ». C’est dans cette maison que Gilles réfère sa première danse. Il devait avoir 7-8 ans (milieu des années trente). Il était avec son père et sa mère. Par contre le passé et le présent se mêlent et il parle beaucoup du présent, des années 60, quand il y allait étant adulte. J’ai une belle photo des années 60 où on tourne avec Vigneault, on il y avait mon père qui câllait, Robert Leblanc, mononcle Fernand et tous les vrais danseurs du temps.

P : Tu as donc une photo de ces danses dans les années 60 ?
B : J’ai une photo, mais on n’a pas vraiment beaucoup de photos. J’en ai une de Gilles debout avec sa femme, une autre de Thérèse, celle de : « Ti-Paul vient d’arriver avec Thérèse à ses côtés ». On prenait pas beaucoup de photos. Les plus belles photos de la danse c’est les photos d’Anna Birgit, la photographe de Gilles, qui vit à Paris et à Natashquan l’été depuis 40 ans. Elle a pris beaucoup de photos des personnages de la génération de mon père et beaucoup de photos de danse sur le perron. J’ai quelques unes de ses photos.

P : Pour en revenir aux veillées, à partir de quelles années on a commencé à danser de moins en moins ? Années 60, 70, 80 ?
B : À partir des années 70, ils ont commencé à danser des danses en lignes comme tout le monde et ça dansait beaucoup moins... Mais la musique se transmet toujours, surtout dans la lignée à Millone.

P : Y a-t-il toujours des musiciens à Natashquan qui jouent des reels, des quadrilles… ?
B : La musique n’a jamais arrêté. Ils font ça entre eux, mais surtout dans les veillées, des fêtes calendaires principalement. Aussi, depuis dix ans, avec le festival Innucadie, ça continue et je trouve que ça s’est bien transmis. On se disait qu’il faudrait transmettre ces traditions, pas seulement les contes d’ailleurs, mais les nôtres aussi. L’autre jour je cherchais qui allait câller au festival. C’était Martin Savoie, un gars de la Beauce. Mon père avait ses câlls. Il disait : « Tout le monde en place pour un cataplasme », quand il commençait et je me disais, ça n’est vraiment pas que pour la rime, ça fait du bien ! Il avait plein de phrases comme ça. Robert Leblanc, quand il câllait, il disait : « Collez-vous, mais faites pas les fous » et Martin Savoie lui il dit : « Accouplez-vous et swignez-là sus planché-là ». Ce que j’ai trouvé beau, c’est Vigneault qui disait : « Les câlleurs, les encanteurs, c’était des poètes, mais ils ne le savaient pas. » Chacun développait ses rimes à lui.

P : Tout à fait, par exemple quand moi je câlle, je prends parfois une rime de mon père : « La vie est dure sans confiture, encore bien plus triste sans saucisses ».
B : Il y en a une autre qui dit : « Pas de devant, pas de derrière, la femme par-ici pis le gars par-là, à la main gauche à la main droite, à la main chaude à la main frette. Pis swignez-là. » Il y en a aussi qui disent : « Hourra pour les noces de Cana, de Cana en Galilée. » « D’la soupe aux pois, en veux-tu en v’là, un ptit hop pis un ptit bec, pis swignez- là. » « À la grosse main, à la p’tite main, saluez votre compagnie. Grande promenade, de Québec à Montréal, promenez-vous ben gentiment tout en tournant jusqu’à vos places, rendu chez vous swignez-la fort. » C’est toute une métaphore...

P : Maintenant, dans le festival d’Innucadie, est-ce que la musique traditionnelle a une place attitrée ? Y-a-t-il des veillées, des concerts ?
B : Oui, dans toutes les veillées il y a toujours un câlleur. J’espère que ça va durer, c’est la dixième année cette année. Ils essayent de vraiment faire danser des quadrilles, des danses carrées, etc. Pour moi, c’est évidemment un plus pour le festival, parce que, je ne sais pas si tu te souviens, en 1993, il y a eu un film intitulé « Une enfance à Natashquan » [réalisé par Michel Moreau], sur la vie de Gilles Vigneault. Ils avaient fait une vraie veillée de danse dans une maison qui nous recevait, mais sans câlleur. Il y avait des musiciens, c’est facile à trouver, mais pas de câlleur.

P : Les danseurs avaient appris la danse par coeur ?
B : Ils ont dansé une simple danse carrée par quatre. C’est une référence intéressante pour la danse. Dans ce film Gilles va au cimetière, parlant aux morts et il dit : « Hein, Jean-Charles, c’était mieux que ça quand on câllait des danses ». Et il disait : « Quand je chante la danse à Saint-Dilon et que je dis : C’est Charlie qui a tout câllé, je regarde en haut ». Parce que mon père est décédé en ‘82 alors que Saint-Dilon est décédé en 2004, « Jean-Marie : mon cousin pis mon ami » vient de décéder ainsi qu’Antoine. Il en a donc retrouvé plusieurs au cimetière ça c’est sûr. Dans « Une enfance à Natashquan » il y a une grande place pour le cimetière. C’est une belle référence. Il y a aussi « Voix et rythmes du pays » où c’est à peu près la seule fois où papa a câllé dans un reportage. Je lui demandais souvent comment il faisait, mais il me répondait toujours qu’il ne pouvait pas me conter, que c’était du passé, etc. Il était malade aussi, mais en ‘81 ils ont fait un reportage, à Radio-Canada- Matane, intitulé : « Voix et rythmes du pays ». On l’entend câller. Il était très malade et il ne voulait pas y aller, mais ils avaient besoin d’un câlleur. Moi je n’étais pas contente, ils lui avaient donné beaucoup trop de travail. Moi je reproche tout le temps les gens qui payaient les musiciens avec de la boisson. C’était comme ça avant, c’était la paye. Il faut aussi dire qu’il n’y a plus d’encanteur depuis que mon père a arrêté. Dans les derniers encans qu’il faisait pour l’Église, il racontait des encans avec un panier de pommes à mettre à la rafle et il prenait une pomme et vendait quasiment tout le panier une pomme à la fois.

P : Il vendait des pommes ?
B : Il me racontait que lorsqu’il n’y avait plus rien à vendre, pour l’église, et que ça marchait bien, il vendait ses pommes une par une, en les prenant dans le panier de la rafle.

P : Faisait-il souvent des encans ?
B : Il faisait ça souvent. Le dernier encan, il ne voulait pas y aller, mais comme c’était pour l’Église il y allait pareil, il était malade. Mon oncle lui avait préparé un petit 10 onces avec du miel et du gin, pour sa gorge, pour qu’il se ravigote. Alors mon père s’est dit qu’il allait leur jouer un tour et qu’il allait leur vendre le 10 onces, le citron et le miel à l’encan. Il avait fait beaucoup d’argent avec ça. Il a fait sa part pour l’Église c’est certain.

P : Ton père giguait-il ?
B : Il giguait un peu, jouait de l’accordéon et de la musique à bouche un peu aussi. La seule chose qu’il n’aimait pas c’était la Mi-Carême. Les masques, ce n’était pas vraiment son style.

P : En quelle année était-il né ?
B : En 1918. Il est mort jeune, 64 ans, il n’a jamais eu sa pension. Mon père est né en 1918, ma mère en 1920 et Gilles en 1928. Ils avaient donc 10 ans de différence et quand il raconte ses danses, Odilon était plus vieux aussi, il est né en 1912, 6 ans de différence avec mon père. Quand j’ai fait mon enquête, il était ici et venait d’apprendre qu’il avait le cancer de la gorge, je lui ai demandé de me raconter les danses et les fêtes. Ça a été les plus belles heures de sa maladie.

LA DANSE À SAINT-DILON : paroles et musique : Gilles Vigneault

Samedi soir à Saint-Dilon
Y avait pas grand-chose à faire
On s’est dit : « On fait une danse
On va danser chez Bibi »
On s’est trouvé un violon
Un salon, des partenaires
P’is là, la soirée commence
C’était vers sept heures et demie…

Entrez mesdames
Entrez messieurs
Marianne a sa belle robe
Et p’is Rolande a ses yeux bleus
Yvonne a mis ses souliers blancs
Son décolleté p’is ses beaux gants
Ça aime à faire les choses en grand
Ça vient d’arriver du couvent…
Y a aussi Jean-Marie
Mon cousin p’is mon ami
Qui a mis son bel habit
Avec ses p’tits souliers vernis
Le v’là mis, comme on dit
Comme un commis voyageur !

Quand on danse à Saint-Dilon
C’est pas pour des embrassages
C’est au reel p’is ça va vite
Il faut pas passer des pas
Il faut bien suivre le violon
Si vous voulez pas être sages
Aussi bien partir tout de suite
Y a ni temps ni place pour ça !
Tout l’monde balance
Et p’is tout l’monde danse
Jeanne danse avec Antoine
Et p’is Jeanette avec Raymond
Ti-Paul vient d’arriver
Avec Thérèse à ses côtés
Ça va passer la soirée
À faire semblant de s’amuser…
Mais ça s’ennuie de Jean-Louis
Son amour et son ami
Qui est parti gagner sa vie
L’autre bord de l’Île Anticosti
Il est parti un beau samedi
Comme un maudit malfaiteur !

Ont dansé toute la soirée
Le Brandy p’is la Plongeuse
Et le Corbeau dans la cage
Et nous v’là passé minuit
C’est Charlie qui a tout callé
A perdu son amoureuse
Il s’est fait mettre au pacage
Par moins fin mais plus beau qu’ lui !
Un dernier tour
La chaîne des dames avant d’ partir
A’ m’a serré la main plus fort
A’ m’a regardé, j’ai perdu l’ pas
Dimanche au soir après les vêpres…
J’irai-t-y bien, j’irai-t-y pas ?
Un p’tit salut. passez tout droit.
« J’avais jamais viré comme ça !
Me v’là toute étourdie
Mon amour et mon ami ! »
C’est ici qu’il s’est mis
À la tourner comme une toupie
Elle a compris p’is elle a dit :
« Les mardis p’is les jeudis
Ça ferait-il ton bonheur ? »

Quand un gars de Saint-Dilon
Prend sa course après une fille
Il la fait virer si vite
Qu’elle ne peut plus s’arrêter
Pour un p’tit air de violon
A’ vendrait toute sa famille
À penser qu’ samedi en huit
Il pourrait la r’inviter…
Ôte ta capine p’is swing la mandoline
Ôte ton jupon p’is swing la Madelon
Swing-la fort p’is tords-y l’ corps
P’is fais-y voir que t’es pas mort !
Changez de compagnie !
Prends la tienne p’is laisse la mienne…
Si tu la laisses pas, tu vas perdre un pas !
Les femmes au milieu
p’is les hommes tout l’ tour !
Promenez-vous bien gentiment
tout en causant, tout en rêvant…
P’is swing la bacaisse dans l’ fond
d’ la boîte à bois !
Domino ! Les femmes ont chaud !



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