La guimbarde (ou bombarde)

Vol. 6, no. 3, Hiver 2002

par ROY Daniel

Bien que le terme bombarde soit généralement usité à travers la province, mentionnons qu’on désignait cet instrument par le mot « trompe » dans la région de Montréal au début du siècle dernier.

Guimbarde du XIXe siècle, Musée Pointe-à-Callières. Photo : Daniel Roy

La bombarde est donc un petit instrument de musique doté d’une sonorité caractéristique riche en harmonique. Le son est produit par une languette de métal qui vibre au centre de deux tiges qui sont appuyées sur nos dents du haut et du bas. Cette vibration est ensuite amplifiée par la bouche et en modifiant l’espace de la cavité buccale on parvient à faire des notes différentes. Avec le doigt qui frappe la tige on fait des rythmes qui se conjuguent aux multiples effets de souffles possibles. Un caractère unique aussi par la caisse de résonance qu’elle utilise.

Cet instrument qui se retrouve aux quatre coins du monde est d’origine fort ancienne. Des bombardes ont été recueillies lors de fouilles archéologiques. Deux d’entre elles sont exposées au Musée de Pointe-à-Callières. Elles ont perdu leurs lamelles, mais leur facture nous renseigne sur leurs provenances probables et leur année de fabrication. Pour le moment, on n’a que peu de précision. L’une proviendrait du 18e et l’autre du 19e siècle.

Guimbarde du XVIIIe siècle, Musée Pointe-à-Callières. Photo Daniel Roy

Cet instrument aurait très rapidement voyagé en Amérique française jusqu’à certains postes de traite du Mississippi semble-t-il. On l’utilisait aussi comme monnaie de traite. Les amérindiens aimaient bien entendre le son de cet instrument. Ainsi, la bombarde semble avoir toujours attiré la curiosité, et cela auprès de différents publics. D’où vient cet engouement ? Tout d’abord de sa petitesse peut-être : certaines bombardes disparaissent presque lorsqu’on les tient entre nos mains ou plutôt entre nos doigts. Est-ce à cause de son timbre si particulier, semblable à un bourdonnement, et si riche d’harmoniques variées ? La bombarde a quelque chose de simple et de mystérieux à la fois. Elle jette un pont entre les temps anciens et notre époque, entre la musique de guérison et la techno. On note même fréquemment sa présence dans la publicité du cinéma.

Plusieurs d’entre nous ont découvert cet instrument dans le cadre familial. Pour de nombreux autres c’est au son de la radio, de la télévision et d’enregistrements sonores que cette découverte s’est faite. Un bruiteur devait en jouer y a pas si longtemps, et on l’utilise toujours dans le monde de la publicité télévisée. Qu’en est-il de la musique traditionnelle québécoise ? L’engouement est toujours là et semble grandir avec une nouvelle génération de musiciens qui adopte la bombarde au sein de différents groupes. La guimbarde, comme elle est de plus en plus appelée, est souvent utilisée avec d’autres instruments pour accompagner des chansons mais aussi des reels et des gigues. Si on pouvait trouver de bons instruments fabriqués sur place, il y aurait sûrement preneur… Il est rare que nous ayons eu la chance d’entendre des spécialistes de renom : il est tout de même possible d’entendre des enregistrements fort variés réalisé au cours des 80 dernières années. Mme Stanislas Dagenais semble avoir été la première à avoir enregistré sur rouleau de cire avec sa « Gigue de l’aveugle ». On retrouve aussi des enregistrements d’autres musiciens aux Archives de folklore de l’Université Laval à Québec et à celles de l’Université de Moncton.

De nombreuses pièces ont été enregistrées sur 78-tours, que ce soit avec Joseph Allard, Alfred Montmarquette et combien d’autres. On remarque par ailleurs l’utilisation de la bombarde comme instrument d’accompagnement. Dans certains cas la tonalité et la prise de son peuvent créer des effets très particuliers.

John Wright, un musicien anglais résidant à Paris depuis bon nombre d’années, fût invité à participer à la Veillée des Veillées en 1975, une grande fête des traditions musicales. On y entend John Wright en solo, et un duo légendaire avec Jean Carignan interprétant Miss McCloud et Wild Irishman (accompagné de Gilles Losier). Ses prestations ont été filmées par l’ONF dans le film portant sur « La veillée des veillées », maintenant disponible sur cassettes vidéo.

Il est possible de retrouver de ses enregistrements, comme ceux d’autres musiciens.

Si vous voulez en savoir un peu plus, voici deux sites internet, www.jewsharpguild.org et aussi www.zeelandnet.nl/paclax/jewsharp qui me semble de bons points de départ pour vos recherches. Vous pouvez aussi me rejoindre à bombarde27@hotmail.com



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