La petite histoire de l’harmonica traditionnel...

Vol. 22, no 1, avril 2021

par BRUNELLE, David

L’harmonica a fait son entrée dans ma vie dès mon plus jeune âge. Lorsque s’est manifestée chez moi l’envie de jouer de la musique traditionnelle québécoise, à l’âge d’environ trois ans, c’est vers cet instrument que je me suis tourné, ayant déjà un harmonica à portée de main. À vrai dire, c’était un parfait concours de circonstances. Depuis, j’ai appris à le maîtriser et à perfectionner continuellement ma technique de jeu, par l’écoute d’une foule d’harmonicistes, bien sûr, mais aussi au contact de nombreux autres musiciens, tels que Robert Legault. Au cours des dernières années, j’ai été appelé à mettre en valeur mes quelques connaissances de l’harmonica traditionnel, notamment au cours d’une formation offerte par le Conseil québécois du patrimoine vivant, au printemps 2019, ainsi que dans le cadre du projetPiédestal, visant la rédaction d’une fiche sur la pratique de l’harmonica traditionnel pour le Répertoire du patrimoine culturel du Québec. Le texte qui suit s’inspire grandement de mes recherches effectuées pour ces différents projets, et s’inscrit, en quelque sorte, dans leur continuité.

Présence de l’harmonica au Québec : Des premières traces dès la fin des années 1800

De prime abord, la littérature au sujet de l’harmonica traditionnel au Québec et de son histoire est peu nombreuse, comparativement à tout ce que nous pouvons trouver au sujet du violon, par exemple. C’est surtout à travers des enregistrements sonores, commerciaux ou inédits, et la présence remarquable de plusieurs « joueurs de musique à bouche » depuis le début du 20e siècle que nous pouvons aujourd’hui en brosser un portrait et une certaine historiographie. Lorsqu’on s’intéresse aux premières traces de l’harmonica sur le territoire québécois et au sein du paysage musical folklorique qui s’y trouve, on remarque que jusqu’au début des années 1900, c’est presque le néant. Ceci étant dit, nous pouvons, à l’aide de témoignages et de faits, retracer la route parcourue par l’harmonica, de ses origines en Europe à son implantation dans notre musique traditionnelle.

L’harmonica, tel qu’on le connaît aujourd’hui, a vu le jour en Allemagne, au cours des années 1820. Son invention est attribuée à un certain Christian Friedrich Buschmann (1805-1864). Durant les années qui suivirent, et plus particulièrement dans la seconde moitié du 19e siècle, la production manufacturière de l’instrument a connu un essor important en Europe, contribuant par le fait même à sa popularité et, forcément, à son exportation vers les territoires d’outre-mer. Quand l’harmonica a-t-il mis les pieds de notre côté de l’Atlantique ? D’après David et Gérard Herszhaft, auteurs du Livre de l’harmonica, des indices qui démontrent la circulation au Canada d’harmonicas allemands, de marque Hohner, remontent à 1857. Dans Les Pionniers du disque folklorique québécois, 1920-1950, Gabriel Labbé, le redoutable harmoniciste et collectionneur québécois, situait quant à lui les premières traces de l’harmonica autour de 1886. En fouillant dans les vieux journaux numérisés, et plus particulièrement le Quebec Mercury, on retrouve fréquemment le terme « harmonica » dans bon nombre de petites annonces, dès 18301. Il faut toutefois être prudent avec une telle information, car il pourrait s’agir ici d’harmonicas de verre, qui n’ont rien à voir avec l’instrument à vent et à anches libres ! En revanche, le terme « patent mouth harmonica », lui, apparaît dansces mêmes journaux quelques décennies plus tard, en 1869, au sein d’annonces de marchands d’instruments 2. De plus, nous pouvons être absolument certains qu’au tournant des années 1900, il est possible de se procurer, via des catalogues de vente par correspondance, comme ceux d’Eaton ou de Carsley, différents modèles d’harmonica fabriqués en Europe,dans des usines allemandes.

Photo : Mary Travers (Mme Bolduc), accompagnée de l’accordéoniste Augustine Villeneuve, d’Hébertville
(Lac-Saint-Jean), et du violoneux Gustave Doiron, de Newport (Gaspésie), en 1928. Coll. Musée de la Gaspésie.

Quoi qu’il en soit, nous pouvons aisément prétendre, voire même affirmer, que l’instrument s’est très vite rendu populaire au Québec, auprès des musiciens traditionnels de la fin du 19e siècle. Là-dessus, certains témoignages deviennent des preuves irréfutables. En 1985, la violoneuse et ethnologue Lisa Ornstein (Le Bruit court dans la ville) faisait mention, dans son mémoire de maîtrise consacré à la vie et au répertoire du légendaire violoneux chicoutimien Louis « Pitou » Boudreault (1905-1988), que de nombreux parents de celui-ci, nés entre 1880 et 1905, pratiquaient l’harmonica 3. Plus encore, dans un article de journal au sujet de Wilbrod et Albert Boivin, harmonicistes originaires de Normandin, au Lac Saint-Jean, on peut lire que les deux frères ont appris les rudiments de l’harmonica auprès de leur père, Simon Boivin(1877-1968), et de leur grand-père, Cléophas Boivin, qui serait né en 1839. C’est donc dire que l’instrument a vite été adopté par les musiciens locaux et que, par le fait même, il a été associé à la musique traditionnelle dès son introduction (oupresque) au Québec. Plusieurs hypothèses pourraient nous permettre d’expliquer ce phénomène : la proximité de l’harmonica avec l’accordéon, instrument qui a vu le jour en Europe à la même époque et qui est lui aussi devenu très populaire au Québec,son faible coût, inférieur à celui d’un violon par exemple, le fait qu’il soit léger et se transporte facilement, la facilité relative avec laquelle on peut apprendre à en jouer, etc.

Photo : L’harmoniciste Henri Lacroix (1895-1962) tenant un harmonica Hohner Marine Band Echo, vers 1935. Coll. Bibliothèques et Archives Canada.

Du souffle et des anches : les types d’harmonicas et leur fonctionnement

Le fonctionnement de l’harmonica diatonique est assez simple et est similaire à celui du petit accordéon diatonique, aussi un instrument à vent et à anches libres. À l’intérieur se trouve une série de fines lamelles de métal, les anches, qui entre en vibration lorsqu’elles sont actionnées par le souffle du musicien. Une anche peut vibrer ou non selon la direction de la respiration. C’est pour cette raison que l’harmonica produit une note différente, selon que l’harmoniciste inspire ou expire dans l’instrument. Un harmonica diatonique « simple » compte généralement dix, parfois douze trous, auxquels deux anches sont jumelées : l’une pour la note aspirée, l’autre pour la note soufflée. Les anches sont de différentes tailles, ce qui permet bien sûr de jouer des notes différentes, et de couvrir jusqu’à trois octaves. L’harmonica diatonique se fabrique également dans deux autres modèles : l’harmonica « double » (souvent appelé trémolo) et l’harmonica octave. Dans les deux cas, les différences avec l’harmonica 10 trous sont que l’instrument comporte deux rangées de trous superposées, qu’il est plus long, et que chaque rangée comprend 20 ou 21 trous. Cela dit, le fonctionnement de l’instrument demeure le même, sauf que chaque note est produite par la vibration de deux anches plutôt qu’une seule. Le son s’en retrouve alors enrichi. Sur un harmonica double ordinaire, l’accordage de deux anches jumelles n’est pas fait exactement sur la même fréquence, ce qui permet à la vibration de produire le fameux trémolo du son. Sur un harmonica octave, cependant, une rangée d’anches est accordée à une octave supérieure ou inférieure, de sorte que chaque note produite est jouée simultanément sur deux octaves.

Un troisième type d’harmonica est également utilisée en musique traditionnelle québécoise, quoique son utilisation, de plus en plus courante de nos jours, soit demeurée plutôt marginale. Il s’agit de l’harmonica chromatique. Il s’agit en quelque sorte, de deux harmonicas en un, et dont l’un est accordé un demi-ton plus haut que l’autre. Une tirette, située sur le côté de l’harmonica et actionnée par le doigt de l’harmoniciste, permet d’ouvrir ou de fermer l’accès de l’air à certaines anches.
Ce type d’harmonica offre donc la possibilité de jouer des demi-tons.

En ce qui a trait à la technique de jeu de l’instrument, les possibilités sont variées : on peut jouer une mélodie en jouant dans un seul trou à la fois (note-à-note), en jouant dans plusieurs trous simultanément (ce qui a tendance, par contre, à noyer la mélodie), ou encore d’agrémenter un air à l’aide d’accords produits par la langue. C’est une technique qui était maîtrisée, et qui l’est toujours, par plusieurs harmonicistes québécois. En collant et décollant la langue sur le peigne de l’instrument en même temps que l’on joue un morceau, on bloque ou on débloque l’entrée d’air vers plusieurs anches qui, lorsqu’elles vibrent toutes ensemble, produisent un accord. L’ajout d’accords à travers la mélodie permet non seulement d’enrichir une pièce, mais aussi d’y intégrer un certain élément rythmique. En ce sens, les accords produits par la langue sont comparables à la main gauche d’un accordéoniste, ou encore au coup d’archet et aux doubles-cordes que ferait un violoneux.

Photo : Les Tune-Up Boys, Gaston Tessier et Maurice Bougie.

Au Québec, divers modèles d’harmonica ont été utilisés à travers le temps. Sur les disques 78 tours enregistrés dans les années 1920 et 1930, on remarque une prédominance de l’harmonica diatonique double (trémolo). Louis Blanchette (1905-1969), Henri Lacroix (1895-1962) et Mary Travers (1894-1941), mieux connue comme Mme Bolduc ou « La Bolduc », en sont des figures de proue. Ce modèle demeurera tout de même préconisé par plusieurs musiciens, même encore aujourd’hui : Aldor Morin (1921-1998), Gabriel Labbé (1938-2008), Robert Legault, etc. Certains modèles de ce type d’harmonica sont d’ailleurs passés à l’histoire : le Hohner Marine Band Echo, le Hohner Echo, le Hohner Tremolo Sextet (communément appelé « blé-d’Inde », au Québec). Toutefois, depuis les années 1960, environ, c’est surtout le petit harmonica (10 trous) qui est majoritairement utilisé. Sur scène et sur disque, du moins. Quant à l’harmonica chromatique, son utilisation demeure assez limitée, mais semble de plus en plus fréquente en musique traditionnelle québécoise depuis les années 1980. Les tonalités utilisées par les harmonicistes vont généralement de pair avec les tonalités employées au violon ou à l’accordéon, soit ré majeur, sol majeur, la majeur, do majeur et fa majeur.

Photo : Gabriel Labbé et Philippe Bruneau, Masters of French-Canadian Music 3, Folkways Records, 1980.

Les joueurs de musique à bouche, au fil du temps

Les tout premiers enregistrements d’harmonica traditionnel québécois apparaissent au cours des années 1920 sous forme de disques 78 tours. Dès lors, et jusque dans les années 1940, une panoplie d’harmonicistes endisquent tour à tour une quantité plutôt impressionnante de morceaux. Le Gramophone Virtuel, de Bibliothèque et Archives Canada, a rendu disponibles des centaines de ces enregistrements. Parmi les musiciens qu’on peut y retrouver, citons : Joseph Lalonde (1860-1946), Adélard Saint-Louis, Albert Goulet, Fortunat Savard, Henri Lacroix, Louis Blanchette et Mary Travers.

Les plus remarquables, en plus d’être les plus prolifiques, sont sans doute ces trois derniers. Henri Lacroix, qui a fait partie d’orchestres de la Marine canadienne au cours de la Première Guerre mondiale, fait preuve d’une exécution des plus spectaculaires, ponctuant les mélodies d’accords de langue et d’ornementations raffinés et complexes. Il combine les morceaux traditionnels du répertoire canadien-français (reels,6/8) à des mélodies empruntées à la musique populaire et au répertoire militaire de fanfare (valses, mazurkas, airs de chansons, marches, etc.). Son style et son répertoire seront perpétués plus tard par Gabriel Labbé. Louis Blanchette quant à lui,se démarque par son jeu à la fois impressionnant et soulevant. Il figure d’ailleurs parmi les rares musiciens ayant enregistré des disques à cette époque qui s’accompagnaient de tapements de pieds (podorythmie). Son répertoire est bien québécois.Blanchette sera une source d’inspiration majeure pour bon nombre d’harmonicistes qui lui succéderont. Mary Travers, originaire de Newport en Gaspésie, a, quant à elle, fait son entrée dans notre mémoire collective grâce à ses chansons. Mais il nefaudrait pas oublier qu’elle était dotée d’un formidable talent pour la musique ! En plus de jouer de l’harmonica et d’être une turluteuse hors pair, elle maîtrisait le violon et la bombarde (guimbarde, bombarlouche). Plusieurs de ses chansons ontété écrites sur des mélodies traditionnelles, qu’elle interprétait à l’harmonica en introduction et entre les couplets. Ces pièces, elle les avait fort probablement apprises, pour la plupart, de son père Lawrence, qui était d’origine irlandaise. Faità noter : Henri Lacroix et Mary Travers s’illustrent également sur scène, à cette époque. Comme de nombreuses vedettes folkloriques de l’entre-deux-guerres, ils participent aux Veillées du bon vieux temps organisées au Monument-National par ConradGauthier.

Au cours des décennies qui suivent, des années 1940 aux années 1980, beaucoup d’harmonicistes solistes seront immortalisés sur des longs-jeux. Les enregistrements de cette période sont témoins d’une mode qui s’est estompée lors du renouveau de la musique traditionnelle à partir de 1975-1976, soit l’intégration d’arrangements, voire même de mélodies, empruntés aux musiques country et western. Parfois les styles musicaux s’entremêlent et il n’est pas rare d’entendre des reels joués à l’harmonica et accompagnés de guitare ainsi que de basse électrique. C’est assez commun sur les vinyles parus sur étiquettes Bonanza. Nommons quelques harmonicistes de l’époque : Aldor Morin (aussi connu comme « L’Oncle Adhémar »), qui a
enregistré en compagnie du violoneux Jean Carignan (1916-1988) ou encore de l’accordéoniste René Alain (1921-1968), Oscar Morin, qui a collaboré maintes fois avec La Famille Soucy, Jean-Ludger Foucault (1915-1989), Rosaire Asselin, Willie Lamothe
(1920-1992), aussi connu sous le pseudonyme d’Hubert Lacroix), Wilson Poirier, Moïse Fillion, Cyrice Dufour, Carmen Gaudet, Henri-Paul Paré. Cela dit, deux harmonicistes de l’époque demeurent marquants, tant pour leurs contemporains et pour les générations futures, en raison de leur technique de jeu à la fois exceptionnelle et swignante : Gaston Tessier, membre du duo Les Tune-Up Boys, et Wilbrod Boivin, devenu célèbre pour son jeu en « wa-wa » et ses pochettes d’album surréalistes. Leur maîtrise de l’instrument est tout à fait impeccable et leurs airs sont interprétés avec une précision hors du commun.

Photo : L’harmoniciste Aldor Morin.

Photo : Jean-François Lemieux et Robert Legault, à l’harmonica, Guy Bouchard à la guitare, et Lisa Ornstein,
Centre Couillard de Québec, vers 1983. Coll. Centre de valorisation du patrimoine vivant.

En parallèle, les années 1940 marquent la mise sur pied des Archives de folklore de l’Université Laval à Québec. Des enquêtes seront menées par des ethnologues dans les campagnes aux quatre coins du Québec, de même qu’en Acadie. Il est possible de retrouver au sein des fonds d’archives de l’Université plusieurs enregistrements de collectes réalisés auprès de joueurs et de joueuses d’harmonica.

Le renouveau de la musique traditionnelle, le Folk revival des années 1970, ouvre la porte à une génération nouvelle d’harmonicistes. Il donne aussi à l’harmonica une nouvelle place à travers l’interprétation musicale. On joue de plus en plus en groupe. L’harmonica, au même titre que le violon ou l’accordéon, est donc de plus en plus joué au sein d’ensembles plutôt qu’en solo. L’un des rares à poursuivre la tradition des solistes, à partir des années 1970-1980, sera Gabriel Labbé. Il est un incontournable de l’harmonica au Québec. Outre ses travaux considérables de recherches et de rédaction à propos de la musique et des musiciens traditionnels, il a travaillé à mettre en valeur le répertoire popularisé par les pionniers du disque folklorique québécois : Alfred Montmarquette (1971-1944), Isidore Soucy (1899-1963), Jos Bouchard (1905-1979), Henri Lacroix, etc. Au sein des groupes traditionnels des années 1970-1980, on dénombre quelques joueurs d’harmonica, dont certains sont toujours bien présents sur la scène traditionnelle actuelle : Gervais Lessard (Le Rêve du Diable), Gilles Garand (Ruine-Babines), Mario Forest et Yves Lambert (La Bottine Souriante), Réjean Elliot (La Bardasse), Daniel Roy (Manigance, Entourloupe), Normand Miron (Le Bruit Court dans la ville). Certains peaufinent leur technique, au point d’en marquer les esprits avec leur maîtrise exceptionnelle de l’instrument. C’est le cas de l’épatant multi-instrumentiste Jean-François Lemieux, ou encore de Robert Legault, qui a récemment fait un retour après près de vingt ans d’absence dans le milieu traditionnel et qui travaille actuellement à remettre en valeur le répertoire et la technique traditionnelle à l’harmonica avec sa formation Les Mercenaires du terroir.

Depuis les années 1990, l’harmonica semble en perte de vitesse. Bien qu’il soit encore présent chez de nombreux groupes de musique traditionnelle, il l’est définitivement moins, d’un point de vue global. Aussi, le nombre d’harmonicistes traditionnels semble être en déclin. Néanmoins, il reste encore de très bons joueurs d’harmonica, notamment dans la nouvelle génération représentée par Louis-Simon Lemieux (Les Chauffeurs à pieds, Les Mercenaires du terroir), Pierre-Luc Dupuis (De Temps Antan), David Brunelle (Les Mercenaires du terroir) et Louis-Philippe Pharand, pour ne nommer que ceux-là.

Le répertoire

Dans la musique traditionnelle québécoise, le répertoire de mélodies n’est pas vraiment spécifique : il peut s’interpréter sur toute une gamme d’instruments. Malgré tout, nous pouvons quand même identifier un répertoire particulier et propre à chaque instrument. En ce qui a trait à l’harmonica, certains airs sont devenus des classiques. Ils ont été réinterprétés à de nombreuses reprises par plusieurs harmonicistes. Les célèbres « Reel des noces (d’or, d’argent, de diamant) » popularisés par Louis Blanchette, le Money Musk, la Contredanse, le Brandy, la Grande gigue simple, le Bonhomme et la bonne femme, etc., en font partie. Évidemment, les harmonicistes s’influencent entre eux et leur répertoire se propage et se forge. Depuis quelques décennies, beaucoup de joueurs d’harmonica ont également composé des morceaux, venant ainsi agrandir le répertoire adapté à leur instrument.

Conclusion

Malgré le fait qu’on remarque présentement une certaine diminution de la visibilité de l’harmonica au sein de la musique traditionnelle québécoise, l’instrument en soi demeure un des éléments principaux de notre musique traditionnelle. Avec le violon et l’accordéon, il s’agit d’un instrument de choix, aux capacités plus étonnantes qu’on pourrait le prétendre, privilégié par les musiciens d’ici. Et ce, depuis son introduction au Québec à la fin du 19e siècle. Au fil du temps, plusieurs harmonicistes se sont succédé, tant sur disque que sur scène. Quelques-uns parmi eux sont passés à la postérité. Ils ont su se constituer un répertoire et une technique bien à eux, qui se sont surtout transmis grâce à la tradition orale. L’harmonica traditionnel est curieusement un instrument qui est peu enseigné. Des cours sont ou ont été offerts par les Danseries de Québec (aujourd’hui le Centre de valorisation du patrimoine vivant), à Québec, ainsi que par l’École des arts de la veillée (Société pour la promotion de la danse traditionnelle québécoise), à Montréal. Une formation professionnelle en harmonica traditionnel organisée par le Conseil québécois du patrimoine vivant a également eu lieu au printemps 2019.

Références

DUVAL, Jean. « Porteurs de pays à l’air libre : jeu et enjeux des pièces asymétriques dans la musique traditionnelle du Québec ». Thèse de doctorat, Montréal : Université de Montréal, 2012. 470 p.

HART, Laurie et SANDELL, Greg. Danse ce soir ! Fiddle and Accordion Music of Québec. Pacific, Mel Bay Publications, 2001. 192 p.

HERZAFT, David et Gérard. Le livre de l’harmonica. Paris, Fayard, 2008. 359 p.

LABBÉ, Gabriel. Les Pionniers du disque folklorique québécois, 1920-1950. Montréal, Les Éditions de l’Aurore, 1977. 216 p.

« Le roi du brise-geule [sic] »,
Le lingot, volume XXV, n° 41, p. 3.

KOWALCZYK, Bruno et LAMBERT, Raymond. L’harmonica dans la musique traditionnelle québécoise : histoire, techniques, partitions, musiciens. Voutré, Kowalczyk, 2010. 312 p.

ORNSTEIN, Lisa. « A life of Music : History and Repertoire of Louis Boudreault, Traditional Fiddler from Chicoutimi, Québec ». Mémoire de maîtrise, Québec : Université Laval, 1985. 301 p.

RÉPERTOIRE DU PATRIMOINE CULTUREL DU QUÉBEC, «  La technique de jeu traditionnel à l’harmonica », 2019.


  1. « Just received and for sale by the suscriber : An elegant assortment of English, French and American Perfumery, Jewellery, Brushes, Shell Combs, Thermometers, Barometers, [] Piano-Fortes, Flutes, Harmonicas [] » (The Quebec Mercury, 9 novembre 1830, p. 614).

  2. « R. Morgan. Music and Piano dealer, St. John Street. [] The collection of instruments, &c., includes violins, (copies after the best Italian masters), guitars, banjoes, flutes, fifes, flageolets, clarionets, patent mouth harmonicas, accordions, [] ». (The Quebec Daily Mercury, volume LXIV, numéro 152, p. 3).

  3. Il s’agit de ses oncles Hermel et Joseph-Edgar Boudreault, nés en 1884 et 1888, son cousin Edgar Vaillancourt, né autour de 1891, et son petit-cousin Charles-Eugène Vaillancourt, né en 1902 (Ornstein, 1985, p. 20).




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