Aldor Morin, harmoniciste, câlleur, homme de traditions

Vol. 7, no. 4, Hiver 2003

par GIGNAC Renald

Photo : M. Aldor Morin, au Festival La Grande Rencontre (Montréal). Louise De Grosbois, Coll. Société pour la promotion de la danse traditionnelle québécoise (SPDTQ)

Aldor Morin, un de nos plus grands joueurs d’harmonica, a vu le jour à Montréal en 1921. Dès son jeune âge, il fut tout comme ses frères et soeurs initié à la musique traditionnelle québécoise. Comme son père était à l’époque connu comme un bon violoneux et reconnu dans le milieu artistique, il n’en fallut pas plus pour amener le jeune Aldor à s’y intéresser. Vers l’âge de 6 ans Aldor fit, en 1927, ses premières apparitions publiques. Il fit son premier spectacle, comme figurant, avec ses frères, au Monument National (en 1927) et y rencontra pour la première fois Madame Bolduc.

Aldor était alors fasciné par la musique à bouche et pour lui, entendre La Bolduc jouer des airs aussi facilement, le rendait encore plus convaincu qu’il ferait carrière avec cet instrument. Madame Bolduc fut donc celle qui lui enseigna les rudiments de l’instrument et lui permit de faire ses débuts en tant qu’artiste reconnu. C’est ainsi que débuta vers 1928 une belle et longue carrière qui dura près de dix ans et qui l’amena un peu partout aux quatre coins du Québec. Aldor partit donc en tournée avec Madame Bolduc et ses musiciens dans la troupe de Jean Grimaldi, troupe qui était la plus populaire à l’époque. Quelques années plus tard, Aldor se découvrit des dons de chanteur et de conteur et surtout un don magnifique de câlleur. Il se joignit donc aux plus grands de l’époque tels que Ti-Jean Carignan, Tommy Duchesne et surtout Isidore Soucy et la famille Soucy pour se produire dans les salles les plus populaires comme le Trinidad Ballroom, le Café de l’est, le Mocambo, l’Hôtel chez Gérard à Québec et bien d’autres endroits tous aussi populaires.

À la suite d’une erreur dans la programmation d’un spectacle où Aldor devait se produire, on le baptisa d’un nom différent de celui qu’il voulait qu’on le nomme. Il aimait beaucoup se faire appeler l’Oncle Aldor et par un concours de circonstances et d’une erreur de typographie on le baptisa différemment. Comme le spectacle était très proche et qu’on n’avait pas de temps pour refaire la publicité, il accepta donc cette situation et c’est ainsi qu’il est devenu « l’ONCLE ADHÉMAR ». Aldor a tout au long de sa carrière joué avec les plus grands musiciens tels que : Isidore Soucy, Ti-Jean Carignan, Alfred Montmarquette, M. Pointu... etc.

Il a aussi à plusieurs reprises accompagné Jeanne d’Arc Charlebois qui chantait et fascinait les publics de tous âges pour ses interprétations des chansons de Madame Bolduc. Il laissa aussi sa marque en composant plusieurs belles valses et reels tels que : Valse Louise, Valse Yvonne, Reel Maria en hommage à sa conjointe, le Reel Léona... sa soeur, et plusieurs autres pour ne nommer que les plus connus. Il composa aussi quelques chansons que l’on fredonne encore aujourd,hui comme : Ma femme avait un grand chapeau, Marie Talon et une des plus connue : Pour boire il faut vendre. Aldor Morin, bien qu’il fut dans les années 1930 à 1960, un très grand artiste fort populaire, a toujours su garder sa simplicité pour tous ceux et celles qui voulaient le côtoyer et apprendre de lui. Son amour et sa grande passion pour son art lui ont permis de passer à travers les grandes épreuves de sa vie (parfois très tumultueuses) et de faire de lui un personnage légendaire dans le monde de la musique traditionnelle québécoise.

Pour une légende quoi de mieux qu’un trophée honorifique à son nom. Ainsi donc, en 1995, Gilles Garant, le maître d’oeuvre de la Grande Rencontre, eut la brillante idée de signifier un trophée en son honneur qui serait remis à chaque année à celui ou celle que l’on reconnaîtrait pour son apport particulier à faire connaître la musique traditionnelle québécoise. C’est ainsi que la chaise porteuse de tradition [1] devint : l’Aldor. Aldor, tu resteras toujours dans nos coeurs celui qui nous aura donné le goût de continuer la tradition en suivant tes traces.

Notes :

Notes

[1La Chaise porteuse est le logo de la Société pour la promotion de la danse traditionnelle québécoise (SPDTQ)



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