Pas perdus et Porteurs de pas : l’héritage des porteurs de traditions

Volume 24 - Numéro 1, Printemps 2023

par FORTIN Josiane

La gigue, danse traditionnelle québécoise, est mise à l’honneur par deux projets créés tout récemment : Pas perdus, d’Anaïs Barbeau-Lavalette et Émile Proulx-Cloutier, et Porteurs de pas, de Pierre Chartrand, accompagné de Yaëlle Azoulay, Mélissandre Tremblay-Bourassa et Olivier Arseneault. Ces deux spectacles scéniques résultent d’un travail de recherche étoffé alliant théâtre documentaire, prestations scéniques, collecte de pas et entrevues réalisées avec des porteurs de traditions. Ils proposent une réflexion profonde et essentielle sur le rapport que les Québécois entretiennent avec l’histoire, la mémoire, l’art traditionnel, l’identité culturelle et le patrimoine immatériel. Ils interrogent, déjouent et remettent en question les stéréotypes et idées préconçues que l’on perpétue parfois à propos de la danse traditionnelle québécoise. Ces spectacles nous amènent à réaliser à quel point la danse joue un rôle important pour chacune des personnes qui la pratiquent, allant d’un rôle social permettant de célébrer la collectivité, les rencontres et les contacts interpersonnels et charnels, à un rôle mémoriel qui implique une passation du patrimoine dansé via un partage intergénérationnel, à un rôle salvateur et guérisseur par le mouvement dansé qui amène un peu de baume au cœur lorsque des défis de vie et enjeux difficiles sont vécus, à un rôle expressif primordial pour plusieurs personnes qui entrevoient la danse tel un langage sensible qui valorise le corps intuitif, au-delà des mots et de l’intelligibilité rationnelle, mettant de l’avant un ressenti qualitatif, dynamique et énergétique, une nécessité intérieure bien transmise poétiquement par un tissage de gestes et de pas. Ces deux spectacles nous invitent à comprendre davantage l’histoire de la gigue, les spécificités de celle-ci, les valeurs qu’elle porte et à prendre conscience de comment celle-ci survit et évolue en permanence grâce aux gens qui la perpétuent et la réactivent.

Pas perdus, documentaire scénique d’Anaïs Barbeau-Lavalette et Émile Proulx-Cloutier

Affiche du spectacle Pas Perdus.

Le spectacle Pas perdus est un « documentaire scénique » conçu comme un « art du portrait » dans lequel on découvre les histoires singulières de : Dominic Desrochers, Elisabeth Pelletier, Eva Dortélus, Jérôme Cyr, Quentin Lavier, Réal Arsenault, Sylvain Papatie et Yaëlle Azoulay, en compagnie d’Anaïs Barbeau-Lavalette. Pendant près de deux heures, on contemple une série de portraits incarnés sur scène par des individus aux parcours variés, mais néanmoins reliés par un fil commun, qui est la passion que ceux-ci entretiennent pour la gigue et la danse traditionnelle québécoise. Ce sont des gens touchants par leur humanité et profondeur, choisis pour leur façon singulière de raconter leur vie, plutôt que des acteurs de formation. Des extraits d’entrevues menées par Anaïs Barbeau-Lavalette auprès des participants sont diffusés par des haut-parleurs tout au long du spectacle, alors que la personne prononçant les mots habite l’espace de sa présence en effectuant diverses actions reliées à son témoignage, comme le tissage de raquettes, la démonstration de pas de danses, etc. Les entrevues mettent l’accent sur une prise de parole spontanée et authentique. Au-delà de la danse, c’est le rapport entre l’art, la mémoire et l’existence toute entière qui est exploré dans ce spectacle, à travers un alliage de mots évocateurs, d’images poétiques et d’un jeu de présences touchant et magnifique. Ce documentaire scénique a pour originalité d’aborder des thématiques diversifiées et de ne pas être annoncé à l’avance comme un spectacle portant sur la danse traditionnelle, mais plutôt comme du théâtre documentaire, ce qui fait en sorte d’attirer un large public ne connaissant pas nécessairement la gigue, qui s’y familiarise alors. En plus de la danse, les sujets mis de l’avant dans ce spectacle concernent la mémoire collective et individuelle, le rapport au temps (présent, passé), à la vie, aux événements comme la mort, la maladie, les accidents, la joie et la tristesse, aux autres, à la transmission, à la langue, aux récits, histoires et traditions. En fait, c’est plus largement la façon d’appréhender la vie, la société et l’art qui est interrogée dans ce projet. On ressort transformé de ce spectacle poignant et troublant livré par des personnes captivantes qui nous partagent des visions engagées et non normatives. Les artistes évoluent dans un décor constitué d’un plancher de lattes de bois construit par Les Productions Yves Nicol et l’Atelier Boscus et ponctué d’objets disséminés tels des artefacts de vie, dont des téléviseurs, tables, chaises, livres et souliers variés. Le spectacle est une coproduction du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, d’Émile Proulx-Cloutier, à la mise en scène, conception narrative et assemblage du dialogue, et d’Anaïs Barbeau-Lavalette, réalisatrice de la recherche, des entrevues, et présente sur scène. Il a d’abord été diffusé du 8 mars au 2 avril 2022, puis a été en reprise du 24 février au 2 mars 2023 au Théâtre du Nouveau Monde à Montréal avant d’être présenté au Diamant à Québec du 20 au 23 avril 2023. Ce projet s’est vu décerner le prix de meilleur spectacle de la saison 2022 par l’Association québécoise des critiques de théâtre [1].

La danse comme exutoire, guérison, refuge de bien-être et espace de liberté

Pas perdus nous fait réaliser le pouvoir de la danse comme exutoire, espace de guérison et refuge de bien-être à travers différents témoignages. En ce sens, Réal Arsenault, gigueur de Bonaventure, nous parle de la liberté que lui permet la danse, alors qu’il gigue dans son garage, qu’il a lui-même conçu afin que celui-ci fasse bien résonner ses pas. Ancien trappeur, soudeur et menuiser, désormais, il prend soin de la femme qu’il a aimée toute sa vie, qui est atteinte d’Alzheimer. Il est pour elle une bouée de sauvetage et ne peut se résoudre à l’abandonner et à s’éloigner, alors il passe beaucoup de temps dans son garage, son repaire. Ayant toujours adoré la liberté et aimant jadis traverser la forêt en sortant des sentiers tracés, en marchant sur de la neige non battue avec des raquettes réalisées de ses propres mains et appréciant dormir seul dans un camp en nature isolé pendant plusieurs jours, dorénavant, la gigue est pour lui un espace de liberté, son refuge, son lieu d’indépendance et de solitude savourée, cette danse solo étant toute désignée pour lui [2]

Annonce du balado sur Ohdio.

Dominic Desrochers nous parle quant à lui de son apprentissage de la gigue, alors qu’il était jeune, dans la cuisine de ses grands-parents, où se déroulaient des veillées de danse, jusqu’à en faire vibrer et pulser le plancher qui se courbait sous les pas, avec ses oncles câlleurs et gigueurs. Il nous fait réaliser l’importance de la transmission intergénérationnelle de la gigue, ainsi que la bravoure requise lorsqu’un jeune réalise une présentation devant ses proches. Passionné de gigue, il pratique aussi le gumboot, danse d’Afrique du Sud, le hambone, une tradition afro-américaine de percussion corporelle, et le haka, une danse traditionnelle guerrière des Maoris qui tisse des liens entre les ancêtres, le ciel et la terre. Dominic aborde à travers son témoignage l’importance de la dimension expressive de la danse et le bien-être que celle-ci lui procure, lui qui a beaucoup côtoyé la thématique de la mort dans sa vie, son père ayant été ambulancier, infirmier, gérontologue et croquemort. Parfois, son père partait « faire des morts ». Dominic embarquait à l’occasion dans un corbillard ou allait à l’hôpital quand il était jeune pour faire danser et « swingner » au son de la musique des patients en chaise roulante ou n’ayant ni bras ni jambes. Ainsi, la danse traditionnelle, qu’il effectue souvent en bottes d’armée ou à caps d’acier, est un exutoire, une échappatoire aux émotions sombres, et elle répond à un besoin expressif profond, à une nécessité intérieure, en devenant pour lui un langage, un moyen de s’exprimer en transcendant des réalités qui ne peuvent être désignées avec des mots.

Elisabeth Pelletier, orthophoniste dans un hôpital, souligne que la pratique de la gigue est bénéfique pour son travail. Elle mentionne l’apport salvateur et bienfaisant de la danse dans sa vie, elle qui accompagne et aide au quotidien des victimes de graves accidents et de traumatismes crâniens à se réhabiliter, à reparler dans de brefs délais afin de leur éviter une vie en CHSLD, comme un jeune papa âgé d’une vingtaine d’années qui a subi un accident de voiture à toute vitesse, ce qui a entraîné chez lui une perte de la faculté de langage, de l’usage de ses jambes, et divers enjeux neurologiques. Elisabeth a généralement trois semaines pour aider des personnes dans ce type de situation à retrouver la possibilité de parler afin qu’elles soient admises en réadaptation, cela leur évitant d’être placées en CHSLD. Son témoignage est bouleversant. Ainsi, face aux histoires tragiques et dures qu’elle côtoie quotidiennement, la danse est pour elle une façon de s’éloigner des pensées qui la taraudent, de respirer pleinement et de se reconnecter à l’instant présent afin d’être moins tourmentée, de mieux comprendre le fonctionnement du corps humain, d’être plus engagée physiquement et de mettre à contribution le toucher pour soutenir ses patients.

La danse dans sa dimension sociale, interpersonnelle et charnelle : une célébration de la rencontre

Quentin Lavier, un passionné de danse et jeux vidéo qui réalise un mémoire de maîtrise portant sur les thèmes de l’immortalité et du transhumanisme, apprécie la solitude de l’univers virtuel, mais trouve dans la pratique de la danse folklorique et traditionnelle un contrepoint à cela, un moyen de combler son besoin de vie sociale. Il aime danser pour partager des contacts humains, sentir d’autres personnes dans ses bras, être moins seul et rencontrer des gens. Pour lui, la danse traditionnelle offre une occasion spéciale de toucher d’autres individus, ce qui répond à un besoin vital, surtout dans une société contemporaine où le toucher interpersonnel n’est pas beaucoup valorisé. En ce sens, Quentin mentionne apprécier beaucoup le « swing », une figure de danse traditionnelle québécoise fréquente dans les sets carrés, qui amène les participants à tournoyer très rapidement en duo en position de danse sociale fermée, chacun des partenaires ayant un pied devant et pouvant varier les mouvements des bras, soit main dans la main, dans le dos ou sur une épaule.

Les préjugés, la honte du folklore, le peu d’intérêt envers la mémoire et l’histoire

De plus, le spectacle Pas perdus nous amène à la remise en question en demandant si nous regardons notre patrimoine culturel immatériel s’effriter, s’écrouler et disparaître avec un soupçon d’indifférence, comme lorsque des églises et maisons centenaires sont détruites. Il interroge la honte du folklore, la méconnaissance de la gigue, l’insuffisante célébration du patrimoine et le peu d’intérêt social porté envers la mémoire et l’histoire au Québec. Le mot du créateur, Émile Proulx-Cloutier, au sein du programme, est éloquent en ce sens :

Je me permets ici un souhait : qu’on prenne soin du Québec comme d’une maison. Une maison aux fenêtres immenses, certes, mais aux fondations solides. Quand je dis fondations, je pense à la langue, à la mémoire, à la connaissance du territoire, des récits, des œuvres fondatrices []. Dans certains milieux, tout cela semble synonyme de poussière encombrante et se heurte à une sorte d’indifférence cool, ou encore à une suspicion amusée : l’intérêt pour les fondements de la culture d’ici serait un symptôme de fermeture. J’estime d’une part que négliger et méconnaître ses fondations n’est pas du tout une preuve d’affranchissement et d’ouverture. Et d’autre part : exprimer le désir de prendre soin de ses fondations ne veut pas dire vouloir à tout prix habiter dans la cave. Quittons cette rhétorique morose ; la maison n’en sera que plus accueillante [3].

Dans cette optique, Yaëlle Azoulay, gigueuse, câlleuse et collectionneuse de pas, demande au sein du spectacle s’il n’est pas fréquent d’avoir honte du folklore, du patrimoine, et si on le laisse se détériorer (ou si en fait nous nous délaissons nous-mêmes, car le patrimoine est porté par nous tous et toutes, à travers qui les traditions restent vivantes. C’est donc nous-mêmes que nous affectons lorsque nous ne prenons pas soin du patrimoine). Yaëlle croit que plusieurs stéréotypes et préjugés envers la gigue dénotent malheureusement une perception partagée par plusieurs personnes, surtout celles n’ayant jamais eu de contact réel avec le milieu des pratiques traditionnelles. D’ailleurs, l’orthophoniste Elisabeth Pelletier mentionne en ce sens qu’elle a parfois dû taire le fait qu’elle pratiquait la gigue, notamment au secondaire, par crainte de moqueries et d’imitations caricaturales, cet art étant sans doute plus méconnu et moins populaire que d’autres activités chez les adolescents. De façon similaire, Jérôme Cyr, violoneux gaspésien et rénovateur de maisons, raconte avoir peu parlé de son intérêt envers la musique traditionnelle à ses amis, pour ne pas s’imposer, forcer leur attention ou les désintéresser, ne cherchant pas l’approbation et l’acceptation extérieure, mais jouant du violon parce qu’il aime cela et pensant qu’il faut être ouvert d’esprit en respectant les goûts variés des autres, tout en évitant d’imposer les siens. Puis, Yaëlle Azoulay partage une entrevue qu’elle a réalisée à l’émission Francs-Tireurs à l’âge de dix-huit ans, où l’animateur Richard Martineau, qui se surnomme « mononcle Richard », lui demande d’un ton condescendant ce qui lui plaît dans la gigue, si elle se fait regarder de haut et quelles sont les raisons pour lesquelles elle pratique cette danse « de musée » toute l’année et non seulement au jour de l’An, pourquoi elle fait « Awignahan » dans un milieu de « grands popas », qu’il décrit tristement comme des personnes âgées ayant perdu leurs dents et portant des chemises de chasse. L’animateur souligne que le folklore lui rappelle un Québec étouffant qu’il désire oublier, une période marquée par l’obscurantisme et la prédominance de la religion. En fait, son témoignage nous rappelle que suite à la Révolution Tranquille, plusieurs ont tourné le dos au patrimoine, au folklore, à la tradition, par désir de se détacher du passé et de valoriser la modernité. Malgré la dureté de ses propos, Yaëlle considère que ceux-ci reflètent une perception commune partagée par un grand nombre de personnes, qui est à déconstruire et contre laquelle il faut lutter pour mieux faire apprécier la gigue. De plus, l’animateur des Francs-Tireurs évoque aussi l’émission Soirée canadienne, présentée à Radio-Canada de 1960 à 1983 et animée par Louis Bilodeau, dans laquelle on invitait les gens d’un village ou d’une municipalité à aller en studio dans un décor représentant l’intérieur d’une maison canadienne, avec une cuisine d’antan, des chaises en bois et de la vaissellerie, et où certains des participants se costumaient, puis réalisaient une série de numéros dans une mise en scène esthétisée différant du contexte réel de pratique de la danse traditionnelle québécoise et correspondant plutôt à une approche folklorisée associée au divertissement. L’émission s’inspirait des veillées d’antan en proposant des chansons à répondre, gigues, danses traditionnelles et pièces musicales dans une approche stylisée. À chaque émission hebdomadaire, une municipalité différente était mise à l’honneur et un petit historique et des images de celle-ci étaient présentés. Un artiste du spectacle Pas perdus souligne que cette émission présentait la danse traditionnelle comme si elle était figée dans un temps antérieur, telle une pratique passéiste, immobile et ancienne, non évolutive, voire quétaine, qui ne serait plus d’actualité, mais plutôt dansée par des gens âgés portant des costumes anciens et datés, dans un décor créé de toutes pièces, ce qui a pu contribuer à véhiculer une vision stéréotypée de la gigue, une vision qui s’est peut-être malencontreusement solidifiée au fil du temps dans l’inconscient collectif. En fait, pour plusieurs, la gigue renvoie à un imaginaire commun vieillot, au temps des fêtes, à la Saint-Jean-Baptiste, aux drapeaux du Québec, certains oubliant que c’est une pratique en constant renouvellement qui s’exerce à longueur d’année, avec des découvertes de pas qui se produisent encore aujourd’hui et un grand nombre de jeunes qui s’y adonnent de façon dynamique. Dans le spectacle Porteurs de pas de Pierre Chartrand, un gigueur répond à cette réflexion en affirmant que malgré son approche folklorisante, l’émission Soirée canadienne a tout de même mis en valeur des artisans locaux et a été inspirante pour découvrir des gigueurs passionnés et expérimentés originaires de diverses régions du Québec. Ensuite, un participant de Pas perdus évoque le film Pour la suite du monde (1962) de Pierre Perrault et Michel Brault, qu’il apprécie pour son approche ethnographique et ses images captées dans la réalité, chez les gens, dans leur demeure, leur lieu d’habitat, directement sur leur terre. Ce film présente la gigue sans mise en scène, avec des vêtements réels et déguisements tirés des greniers et coffres des habitants. Pour lui, ce type d’émission contribue à véhiculer une vision plus réaliste de la danse traditionnelle.

La collecte et persistance du patrimoine dansé

Ensuite, Yaëlle Azoulay, fille de deux parents immigrants (mère française, père juif marocain) pratique la gigue à titre de pionnière dans sa famille, une danse qu’elle dit être appréciée par une minorité marginale au Québec, encore plus que le « black metal ». Elle se demande de quelle façon pouvait-elle y être prédestinée. Alors que cette danse est en danger de survivance, elle sent qu’elle a la responsabilité de s’engager pour le futur de la gigue traditionnelle québécoise. Elle souligne la nécessité de voyager dans les régions afin de rencontrer des porteurs de traditions, par exemple en Gaspésie. Elle croit que les régions éloignées sont délaissées au Québec, ce qui entraîne une perte d’héritage et même une disparition de certains pas de gigue à plusieurs endroits. Ainsi, elle se rend dans les villages, comme Bonaventure, où elle rencontre des gigueurs d’expérience lors d’entrevues et de collectes de pas. Elle enseigne ensuite certains pas collectionnés à ses élèves en les intitulant du nom de leur transmetteur (par exemple : le pas de Réal, d’Yvon…). Aller à la rencontre des porteurs de traditions permet de prolonger leur mémoire au-delà de l’espace et du temps où ils s’inscrivent, cela déjouant la précarité et la fragilité du patrimoine dansé en lui donnant une certaine longévité.

L’absence de relève

Le violoneux Jérôme Cyr s’intéresse quant à lui à perpétuer le patrimoine musical gaspésien via la consultation de cassettes et archives. Il a ainsi découvert plusieurs centaines de chansons de Paspébiac, enregistrées et déposées dans un centre d’archives nationales, une source inestimable de connaissances pour les générations successives. Jérôme rencontre aussi à l’occasion des personnes âgées et violoneux à qui il demande de jouer des airs anciens, ceux de leurs grands-parents, puis il les enregistre, ou sinon, il capte des airs qu’on lui turlute, puis rejoue ensuite ceux-ci au violon. Pour lui, l’art traditionnel est désormais en danger de disparition en Gaspésie et au Québec. Il voit peu de relève et de jeunes pour lui succéder et pense que les gens ne s’intéressent pas suffisamment au patrimoine culturel, contrairement à l’Irlande, où les arts traditionnels, notamment la musique et la danse, sont davantage célébrés en tant qu’identité culturelle à la télévision, la radio et dans les pubs. Jérôme s’inquiète de la persistance de l’art traditionnel, qui ne subsiste pas toujours après le décès de ses artisans. Selon lui, les habitations survivent plus longtemps à leurs bâtisseurs. En ce sens, il mentionne laisser des objets, signatures et traces cachées dans les maisons qu’il construit, comme des petits messages dissimulés, qui seront trouvés par d’autres générations, des mots qui invitent ses successeurs à utiliser les matériaux d’origine lors de la rénovation des bâtiments, l’auteur ajoutant qu’il les « surveille ». Son témoignage aide ainsi à prendre conscience du rôle essentiel des archives et traces laissées aux générations suivantes en tant que legs patrimoniaux assurant une certaine mémoire et permettant de contrer l’oubli.

L’appartenance à plusieurs cultures et la pratique de la gigue

Pas perdus aborde aussi des questionnements vécus par des personnes de diverses cultures qui pratiquent la gigue. En ce sens, le témoignage d’Eva Dortélus, jeune métisse née au Québec d’une mère haïtienne et d’un père québécois, raconte plusieurs interrogations relatives à son identité et à son appartenance culturelle, auxquelles elle a été confrontée en tant que gigueuse faisant partie de la troupe Les Bons Diables à Laval (désormais nommée Tissés Serrés, née d’une fusion avec le groupe Les Pieds Légers). À l’école primaire, Eva se considérait blanche malgré son teint basané, puis au secondaire, où il y avait plus de diversité, elle se disait « oréo » (blanche à l’intérieur, noire à l’extérieur) et désormais, elle se considère les deux. Néanmoins, il arrive à l’occasion que lors d’événements importants où elle souhaite être acceptée par les Blancs, elle porte une perruque, mais elle assume de plus en plus ses cheveux naturels, qu’elle arbore comme une couronne. Souvent, les Blancs la considèrent noire et les Noirs la voient comme une personne blanche. À cause de sa couleur de peau, elle a déjà senti que certaines personnes trouvaient étrange qu’elle pratique la danse traditionnelle, mais elle ne voit pas pourquoi elle s’en empêcherait, déjouant ainsi la fermeture d’esprit. Elle enseigne d’ailleurs la gigue québécoise et les danses internationales aux jeunes de divers horizons, ce qu’elle aimerait continuer à faire toute sa vie, même si sa mère pense que son parcours va l’amener ailleurs (travail d’infirmière, enfants…).

La gigue, une pratique importante pour les Premières Nations

Sylvain Papatie, de la Première Nation Anichinabée, originaire de Kitcisakik et habitant Lac-Simon, danse la gigue, tradition célébrée depuis longtemps par sa communauté autochtone et pratiquée entre autres à l’occasion de mariages durant sa jeunesse, où les danses duraient plusieurs jours et incluaient enfants et personnes âgées. Il nous fait réaliser que la gigue, avec ses influences des îles Britanniques, s’est mélangée aux danses traditionnelles autochtones pour créer une forme unique métissée [4] parfois accompagnée de tambours, hochets, et exécutée en mocassins. Le grand-père de Sylvain jouait du violon et c’est grâce à lui que ce dernier a pu fréquenter des soirées sociales où se dansait la gigue, apprise par observation des aînés. Il a dû dépasser sa gêne et faire souvent appel à l’humour pour déjouer ses craintes. À son avis, la popularité de la télévision a notamment fait en sorte qu’il y ait moins de soirées de danse dans sa communauté à présent. Dans ce contexte, il est très important pour lui de conserver et transmettre les traditions algonquiennes, dont les danses, l’artisanat et les langues autochtones. Il se définit comme un homme qui fait de la couture, concevant robes, gilets kangourous, chapeaux et porte-bébés nommés mizipizin. La danse est une nécessité pour lui qui a vécu de durs événements, dont le décès de sa fille suite à un pacte de jeunes amies, et qui a aussi été victime d’attouchements sexuels durant son enfance par le curé de sa communauté qu’il considérait comme un père [5]. Son histoire en est une de résilience. Sa mise en valeur au sein de Pas perdus peut être saluée, considérant l’insuffisante reconnaissance des communautés autochtones, de leur culture, leur gigue et leurs danses, en plus de toutes les injustices subies depuis la colonisation.

Porteurs de pas, collecte de pas et spectacle scénique conçu par Pierre Chartrand

Les 4 artisans du spectacle Porteurs de pas : Olivier Arseneault, Yaëlle Azoulay, Pierre Chartrand et Mélissandre Tremblay-Bourassa.

Autre spectacle captivant réalisé dernièrement, Porteurs de pas est un projet résultant d’une démarche approfondie de collecte de pas et d’entrevues réalisées par Pierre Chartrand et Yaëlle Azoulay avec des porteurs de traditions, des gigueurs et gigueuses originaires de la région de la Baie-des-Chaleurs au sud de la Gaspésie, soit : Réal Arsenault et Lucille Arsenault (de Bonaventure), Robert Delarosbil (de Paspébiac), Octave Anglehart, Yvon Allain et Réjeanne Allain (de Port-Daniel-Gascons). Une présentation publique en résulte. Les six porteurs de traditions montent sur scène à l’occasion d’un spectacle présenté dans le cadre de la 21e édition du festival La Virée Trad de Carleton-sur-Mer [6] ville gaspésienne, le 9 octobre 2022 au Quai des arts, événement lors duquel ils partagent le plateau avec des danseurs professionnels de Montréal qui pratiquent la gigue : Pierre Chartrand, Yaëlle Azoulay, Mélissandre Tremblay-Bourassa et Olivier Arseneault. Ils sont accompagnés en direct par les musiciens traditionnels Alexis Chartrand, Nicolas Babineau et Martin Henry, au violon, à la guitare et à la podorythmie. Des images vidéo des entrevues réalisées antérieurement avec les porteurs de traditions, filmées et montées par Olivier Arseneault, sont projetées lors du spectacle de façon intercalée entre plusieurs prestations dansées. Les entrevues permettent de mieux comprendre ce qui caractérise la pratique de la gigue et nous amènent à découvrir les parcours singuliers et touchants de chaque artiste en relation avec sept grandes thématiques qui sont abordées : la musique, les souliers, les premiers pas, les influences, l’enseignement et la transmission, la musicalité, la collecte [7].

La musique et la musicalité

D’abord, les porteurs de traditions partagent les musiques qui les font vibrer et sur lesquelles ils dansent souvent. Généralement, celles-ci incluent du violon, de l’accordéon et de la musique à bouche, comme le mentionne Yvon Allain. Les familles d’antan étaient jadis propices à la pratique de la danse et de la musique traditionnelle, puisqu’elles étaient nombreuses et incluaient souvent un ou plusieurs musiciens, dont des accordéonistes, violonistes et pianistes [8]. Par exemple, chez Octave Anglehart, tous les membres de la famille jouaient d’un instrument, toute la parenté s’y adonnant, ou encore, chez Yvon Allain, tout le voisinage se réunissait, le village recelant de violoneux. Réal Arsenault mentionne pour sa part que les reels entendus régulièrement à la radio jadis étaient parfaits pour « stepper ». Parmi les pièces musicales appréciées des gigueurs sont mentionnées notamment le Reel de Sainte-Anne, le Reel du Breakdown, au tempo plus lent, la Grande gigue simple et le Money Musk. De plus, la relation symbiotique entre la danse et la musique est très importante pour les porteurs de pas, comme le souligne Lucille Arsenault, qui considère que la musique traditionnelle est pensée pour être dansée, alors que les figures telles que le swing et la chaîne des dames s’y harmonisent naturellement. Ainsi, plusieurs porteurs de pas mentionnent l’importance de la musicalité en gigue et en danse traditionnelle, via un accordage, une finesse dans l’écoute de la musique, une synchronie corporelle et une dimension rythmique à alimenter tout en conservant une part de spontanéité, puisque la gigue inclut de l’improvisation, les pas pouvant être enchaînés librement, dans différents ordonnancements au choix du danseur.

Les premiers pas : modes d’apprentissage, contextes de pratique et sources d’inspiration

Au sein de leurs entrevues, les porteurs de pas discutent également des modes d’apprentissage de la gigue, des contextes où ils la pratiquent et de diverses sources d’inspiration ayant marqué leur parcours. Pour certains, l’apprentissage de la danse s’est fait de façon autodidacte en s’inspirant ici et là, comme Réal qui a pris quelques cours avec Barbara Duguay, mais a surtout appris de manière autonome, par observation, reproduction et répétition solo. Il a notamment commandé et fait livrer chez lui des cassettes vidéo des gigueurs réputés Pierre Chartrand et Serge Mathon, puis a intégré plusieurs pas en pratiquant devant son téléviseur dans son garage. Il a ainsi découvert un répertoire de pas, puis a inventé quelques steps également. Il témoigne aussi qu’il a dû affronter la gêne afin de giguer pour la première fois devant un public. À partir du moment où la télévision s’est popularisée dans les foyers, plusieurs émissions valorisant les musiques et danses traditionnelles québécoises, dont celle de Don Messer dans les années 1960 [9], ont inspiré les gigueurs. Réjeanne Allain appréciait cette émission qui était pour elle un rendez-vous hebdomadaire du samedi après-midi lui permettant de danser en semelles de bas en s’inspirant des reels qu’elle y entendait. Robert Delarosbil, de Paspébiac, était lui aussi interpellé par cette émission, ainsi que par Soirée canadienne, où plusieurs gigueurs talentueux étaient mis à l’honneur. Robert observait souvent les pas d’autres danseurs afin de les mémoriser, avant de les pratiquer chez lui devant un miroir. Il était notamment très inspiré par les frères Odilon et Ernest Denis. De plus, il appréciait les cours pour amateurs ayant lieu les dimanches après-midi, où se retrouvaient chanteurs et gigueurs des environs de la Baie-des-Chaleurs, dont Octave Anglehart, Donna Duguay et Yvon Allain, puis il fréquentait des veillées ayant lieu le samedi soir à l’occasion. Il rappelle aussi que jadis, il y avait beaucoup de danses traditionnelles, sets carrés et gigues dans les mariages. Plus récemment, c’est via internet qu’il a appris des pas en consultant des vidéos disponibles sur YouTube. Pour plusieurs autres porteurs de traditions, c’est immédiatement dans le contexte familial que l’apprentissage s’est fait. Notamment, Octave a appris auprès de sa famille, ses oncles étant violoneux et son père gigueur, tout comme sa tante. Il raconte que tous les enfants de sa famille commençaient à stepper vers l’âge de trois ou quatre ans et que les danses incluaient toute la parenté de façon intergénérationnelle. D’ailleurs, son fils Dany a aussi commencé à frotter ses pieds sur le plancher dès un jeune âge. Celui-ci mentionne que c’est particulièrement dans le temps des fêtes, rassemblés en famille, que les gens dansaient au son de la musique de façon mémorable. De plus, son père Octave trouvait toute occasion possible pour danser et parcourait le Nouveau-Brunswick, l’Ontario et l’Est du Québec afin de participer à de nombreux concours de gigue, des occasions d’émulation, d’apprentissage et d’inspiration. Quant à Yvon et Réjeanne Allain, ils voyaient aussi leur père et leur mère prendre part à des sets carrés et giguer. Leur père tapait du pied, turlutait et amenait toute la famille à danser (une dizaine de personnes). Un de leurs oncles organisait également des veillées fréquemment. Ainsi, ils s’inspiraient de certains pas qu’ils y voyaient, puis cherchaient ensuite à les reproduire. De plus, Yvon se rendait souvent chez des voisins pour giguer, chacun s’encourageant à danser à tour de rôle devant les autres dans une dynamique de plaisir et de bienveillance. Réjeanne raconte aussi qu’elle dansait dans les hôtels. Pour sa part, Lucille Arsenault n’a pas eu d’exemple familial. Elle a d’abord appris quelques danses folkloriques internationales auprès des religieuses au primaire, puis a eu la piqûre au cégep, par le biais d’une troupe pratiquant la danse traditionnelle québécoise, la gigue et les danses internationales. Ainsi, les contextes d’apprentissage de la gigue et les sources d’inspiration sont diversifiés.

Les souliers

Aussi, les porteurs de pas partagent leurs réflexions concernant les chaussures les mieux adaptées à la gigue. Souvent, des souliers « ordinaires » étaient utilisés autrefois. Fréquemment, les souliers ayant une semelle en cuir étaient favorisés. Aujourd’hui, ceux-ci sont désormais plus difficiles à trouver et il faut donc parfois les commander et les faire créer sur mesure. Beaucoup de gigueurs utilisent aussi souvent des souliers à claquettes, qui résonnent davantage et sont pourvus de fers ou pièces métalliques sous le talon et la semelle. Lucille Arsenault souligne à ce propos qu’il y a eu une mode à la fin des années 1990 et au début des années 2000 faisant en sorte que beaucoup de danseurs portaient des fers à leurs souliers pour que leurs pas résonnent grandement. Certains allaient jusqu’à ajouter des bouchons de bouteilles de bière sous leurs chaussures. Pour sa part, depuis une dizaine d’années, Lucille a retenu plus souvent ses souliers sans fers afin de danser au sein d’un groupe, où elle trouve que tous et toutes s’entendent mieux ainsi, avec plus de nuances et subtilités. Elle détient deux paires de souliers, l’une avec des fers, l’autre sans pièces métalliques (paire identique dont elle a fait enlever les parties en métal). Ainsi, cela lui permet d’alterner entre les deux types selon les contextes de pratique.

Enseignement et transmission

Les musiciens du spectacle Porteurs de pas (de gauche à droite) : Martin Henry, Alexis Chartrand et Nicolas Babineau.

Les participants de Porteurs de pas réfléchissent également au futur de la gigue, à l’enseignement et aux stratégies de transmission. Certains de leurs enfants et petits-enfants giguent et d’autres non. Ils considèrent en majorité qu’il y a peu de relève, peu de jeunes qui s’intéressent aux arts traditionnels, autant chez les danseurs que chez les violoneux, et cela les inquiète. Plusieurs d’entre eux cherchent à remédier à cela en créant des occasions de partage et de transmission. Par exemple, Lucille enseigne la gigue et conçoit de courtes démonstrations constituées d’une suite de danses traditionnelles exécutées avec des costumes folkloriques qu’elle trouve attrayants pour le regard. Elle se rend notamment dans des centres pour personnes âgées afin de réaliser des présentations. De plus, elle est souvent sollicitée pour faire de l’animation sous forme d’ateliers ou de spectacles. Lucille offre aussi depuis récemment une formation en gigue, en danse et en câll qui dure quatre jours et qui est clôturée par une soirée spéciale, une veillée de danse. Elle espère que cette initiative interpelle les jeunes et permette à la danse traditionnelle de rester bien vivante. Dans sa formation, elle démontre le brandy et quelques pas de gigue que les participants peuvent adapter à leur façon. Elle observe que les enfants et les jeunes ont le goût de danser, sont avides d’apprendre et adorent sauter, plusieurs ayant naturellement un sens du rythme et une qualité d’articulation du pied. Elle croit qu’il y a un retour, un regain d’intérêt, qui n’est peut-être pas disparu non plus, mais qu’il suffit de nourrir, alimenter et sustenter afin d’attirer une nouvelle génération à la pratique de la gigue. Elle remarque d’ailleurs un retour en Gaspésie, plusieurs gens venus de divers horizons s’y installant et s’intéressant désormais à la gigue. D’autres porteurs de traditions contribuent à faire en sorte que des soirées familiales se perpétuent encore, comme Réjeanne qui se rassemble avec ses sœurs musiciennes et avec son frère Yvon, qui ouvre le bal avec son violon, sa guitare, son harmonica, son accordéon et son chant, avant que toute la parenté n’entame le pas. Aussi, Réjeanne s’implique lors de fêtes, comme celle du centenaire de son village Gascons, où elle réalise des chorégraphies avec des danseuses revêtant des habits d’antan, de grandes robes conçues à la main par les participantes elles-mêmes.

La finale débridée du spectacle Porteurs de pas.

Enfin, le spectacle Porteurs de pas, en plus d’aborder diverses thématiques centrales à la gigue, donne aussi une belle place aux prestations dansées épatantes, alors que les porteurs de traditions gaspésiens et montréalais exécutent à tour de rôle des pas en solo, duo, quatuor et en groupe. On peut y voir la signature unique et la virtuosité impressionnante de chacun.

Conclusion

En bref, les spectacles Porteurs de pas et Pas perdus mettent de l’avant le fait que la danse traditionnelle et la gigue s’accompagnent du plaisir d’être réunis, d’être ensemble, de célébrer la vie sociale et sont pour plusieurs une façon de s’exprimer avec passion, de vivre et respirer pleinement. Ces deux projets nous font réaliser l’importance des collectes de pas réalisées par des danseurs passionnés comme Pierre Chartrand et Yaëlle Azoulay, qui parcourent le Québec et se rendent dans divers villages pour rencontrer des personnes expérimentées en gigue afin de répertorier leurs pas et donner une autre vie à ceux-ci. Leurs initiatives permettent de contrer l’oubli et de réactiver le passé en établissant un continuum entre tradition et contemporanéité. Elles permettent également de mieux comprendre les contextes de pratique, les raisons pour lesquelles les gens giguent, les diverses façons d’exécuter les pas et l’historique de la danse, entre autres. Surtout, elles mettent en valeur l’importance du patrimoine culturel immatériel, la préciosité et beauté de l’échange intergénérationnel et invitent à célébrer avec fierté la mémoire et l’histoire culturelle québécoise.

Notes

[1Barbeau-Lavalette, Anaïs, Proulx-Cloutier, Émile et Centre du Théâtre d’Aujourd’hui. (2023). Pas perdus : documentaires scéniques
[programme de spectacle, 24 février au 2 mars]. Montréal : Théâtre du Nouveau Monde

[2Barbeau-Lavalette, Anaïs (animatrice) et Veilleux, Maxime (réalisateur). Pas perdus : carnets de création [baladodiffusion]. Ohdio.
Montréal : Théâtre d’Aujourd’hui et Radio-Canada. https://ici.radio-canada.ca/ohdio/balados/9541/pas-perdus-carnets-creation.

[3Barbeau-Lavalette, Anaïs, Proulx-Cloutier, Émile et Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, ouvr. cité, p. 6.

[4Lederman, Anne. (s.d.). Musique de violoneux et danse métisses. Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française.
http://www.ameriquefrancaise.org/fr/article-123/musique de violoneux et danse m%C3%A9tisses.html#.ZDoOk3bMLIU

[5Papatie, Sylvain et Poucaciche, Charlotte. (2019). Site internet de Minwashin : https://minwashin.org/artistes/sylvain-papatie/

[6Site internet du Festival La Virée Trad 2022 : https://www.festivallaviree.com/spect-d8.shtml.,

[7Chartrand, Pierre (créateur) et Arseneault, Olivier (réalisateur). (2022). Porteurs de pas [spectacle présenté le 9 octobre]. Carleton-
esur-Mer : 21 festival La Virée Trad.

[8Brault, Michel et Gladu, André. (1976). Le Son des Français d’Amérique : La révolution du dansage [documentaire]. Nanouk Films.

[9Green, Richard. (2008). Don Messer and His Islanders. Encyclopédiemesser-and-his-islanders.



Infolettre

FACEBOOK